Soucis de finition à la pointe des Diables Rouges…
Les attaquants, ces « renards des surfaces », sont pour beaucoup les joueurs clés d’une équipe. Pour s’offrir les services d’un striker de renom, les grandes équipes sont prêtes à délier les cordons de leur bourse et à assouvir tous leurs caprices. En Belgique, nous disposons de bons attaquants, mais il leur arrive de rester stériles. Ce sont alors les joueurs de la deuxième ligne qui tirent leur épingle du jeu, en se chargeant d’inscrire des buts.
Quelles sont les statistiques types d’un Attaquant de légende?
Statistiquement, un « grand » attaquant marque au moins 1 but tous les 2 matchs. Ceux qui sont entrés dans la légende se situent même au dessus de cette moyenne. Les grandes nations du football connaissent en général un attaquant prolifique par génération, qui les aide à remporter des tournois. Même la Grèce connut son buteur, le temps d’un euro, et lequel : durant l’été 2004, Angelos Charistéas s’affirme en pointe des Hellènes, n’atteignant toutefois qu’une moyenne d’un but tous les trois matchs. Pour les autres, certains chiffres ci-dessous ont de quoi faire frémir toutes les défenses :
- Just Fontaine (France), 30 buts en 21 matchs, soit un but toutes les 63 minutes
- Gerd Müller (RFA), 68 buts en 62 matchs, soit un but toutes les 82 minutes
- Ferenc Puskás (Hongrie), 84 buts en 85 matchs, soit un but toutes les 91 minutes
- Pelé (Brésil), 77 buts en 92 matchs, soit un but toutes les 108 minutes.
- Luigi Riva (Italie), 35 buts en 42 matchs, soit un but toutes les 108 minutes
- Gabriel Batistuta (Argentine), 56 buts en 78 matchs, soit un but toutes les 125 minutes.
- Davor Šuker (Croatie), 45 buts en 69 matchs, soit un but toutes les 138 minutes.
- Ronaldo (Brésil), 62 buts en 98 matchs, soit un but toutes les 142 minutes.
- Dimitar Berbatov (Bulgarie), 49 buts en 78 matchs, soit un but toutes les 143 minutes
- David Villa (Espagne), 58 buts en 96 matchs, soit un but toutes les 149 minutes.
- Miroslav Klose (Allemagne), 70 buts en 133 matchs, soit un but toutes les 171 minutes
- Roberto Baggio (Italie), 27 buts en 56 matchs, soit un but toutes les 171 minutes
- Christian Vieri (Italie), 23 buts en 49 matchs, soit un but toutes les 187 minutes
- Bobby Charlon (Angleterre), 49 buts en 103 matchs soit un but toutes les 189 minutes
- Dennis Bergkamp (Pays-Bas), 37 buts en 79 matchs, soit un but toutes les 192 minutes
- Toni Polster (Autriche), 44 buts en 95 matchs, soit un but toutes les 194 minutes
- Jürgen Klinsmann (RFA puis Allemagne), 47 buts en 108 matchs, soit un but toutes les 207 minutes
Ils ont fait les beaux jours de l’attaque belge
La Belgique n’est pas connue pour être une équipe offensive. Historiquement, c’est plutôt l’organisation défensive qui prévalait. Ainsi, les meilleurs buteurs belges ne furent pas réellement des serial killers.
- Bernard Voorhoof: 30 buts en 61 matchs, soit un but toutes les 183 minutes
- Paul Van Himst: 30 buts en 81 matchs, soit un but toutes les 243 minutes.
- Marc Wilmots: 28 buts en 70 matchs, soit un but toutes les 225 minutes.
- Jef Mermans: 28 buts en 56 matchs, soit un but toutes les 180 minutes.
- Robert de Veen : 26 buts en 23 matchs, soit un but toutes les 80 minutes.
- Wesley Sonck 24 buts en 55 matchs, soit un but toutes les 209 minutes.
Parmi la génération actuelle des Diables Rouges
Romelu Lukaku: 31 matchs pour 7 buts (10 si l’on compte son triplé face au Luxembourg, rendu non officiel par la FIFA)
Lancé dans le bain de la D1 à même pas 16 ans, meilleur buteur du championnat l’année suivante … de grands espoirs (et une grande pression) ont toujours pesé sur les épaules de Romelu, à qui l’opinion publique ne pardonne aucune baisse de régime. Parti très tôt en Angleterre, il connaîtra une saison difficile, avant de se relancer en prêt, à WBA d’abord et Everton ensuite. Il totalise 33 buts en 86 matchs de Premier League, soit une moyenne plus qu’honorable de 0,4 buts par match.
En équipe nationale, Romelu est arrivé dans un contexte difficile, alors que le pays se cherchait un buteur. Irrégulier, manquant parfois de mobilité, il doit bénéficier de beaucoup d’espace pour maximiser son efficacité. Ainsi, d’un match à l’autre, il peut survoler la rencontre, comme il peut totalement passer inaperçu. Avant la Coupe du Monde, il semble fin prêt, comme nous vous l’expliquions dans cet article. Sa prestation face aux Etats-Unis aura en tout cas fait taire nombre de ses détracteurs.
Christian Benteke: 6 buts en 18 matchs (0,3 but par match)
Depuis ses débuts en Premier League, Christian a terriblement progressé, au point d’afficher un total de 38 buts en 75 matchs (soit une moyenne d’un but tous les deux matchs). Sa régularité en faisait notre atout principal au poste d’attaquant, avant cette dramatique blessure qui allait le priver de la Coupe du Monde brésilienne. A 23 ans seulement, il peut néanmoins revenir encore plus fort, et devenir le striker tant attendu.
Divock Origi: 1 but en 6 matchs (0,2 but par match)
Récemment, nous vous avions présenté la perle de Lille dans un article. Nouveau venu chez les Diables Rouges, il n’a pas tardé à démontrer pourquoi Wilmots avait fait appel à lui. Après 140 minutes de jeu réparties sur 5 matchs, il est parvenu à scorer une fois , ce qui est très bon signe pour ce joueur âgé seulement de 19 ans. Il se souviendra certainement de ce premier but en équipe nationale, sur le mythique terrain du Maracana.
Ceux qui ont tenté de déjouer la hiérarchie en pointe de l’équipe belge
Jelle Vossen: 2 buts en 12 matchs (0,2 but par match)
Difficile pour ce petit format de faire son trou dans un système qui requiert un attaquant très physique. D’autant plus lorsque la concurrence provient de Premier League, alors qu’on stagne en Jupiler Ligue depuis trop longtemps. Pourtant, Jelle Vossen n’a que 25 ans, et peut encore prouver de belles choses. Un transfert dans un championnat plus huppé serait le bienvenu pour cet attaquant qui a le but dans le sang. Son atout principal est sa flexibilité offensive. Jelle est aussi bon passeur que buteur. La saison dernière, il l’a prouvé en inscrivant 19 buts et délivré 9 passes décisives en 52 matchs.
Marvin Ogunjimi: 5 buts en 7 matchs (0,7 but par match)
Avec une telle moyenne (oui, vous avez bien lu, 5 buts en 7 matchs), on se demande où se trouve Marvin Ogunjimi, à l’heure où ses coéquipiers se confrontent aux meilleurs joueurs du monde. C’est une histoire somme toute bien malheureuse…
Lors de sa première sélection, le 8 octobre 2010, face au Kazakhstan, Marvin réussit la prouesse d’inscrire 2 buts en 44 minutes. Dans sa lancée, il en inscrira trois autres lors des mêmes qualifications (face à l’Autriche, la Turquie, et à nouveau le Kazakhstan). Son excellente saison avec le RC Genk lui offre un transfert au RDC Majorque, en Liga espagnole. Un transfert signé dans les premières minutes … suivant la fin du mercato, ce qui fait qu’il doit attendre le mercato suivant (soit quatre mois) pour enfin porter les couleurs de son nouveau club. Faut-il voire en cette longue période d’inactivité les raisons d’un échec annoncé ? Quoi qu’il en soit, Ogunjimi ne portera que 7 fois le maillot rouge et noir. La suite, ce sont des prêts moins fructueux les uns que les autres (Standard, Beerschot, OHL), et un seul but marqué en deux ans. Disparu des radars, on a récemment retrouvé sa trace dans le noyau de Stromsgodset, modeste club du championnat norvégien. Peut-être est-ce le début d’un formidable défi pour un joueur qui ne manquait pas de talent, et qui sait si un jour, tel un Anthony Vanden Borre ressuscité, il ne pourrait pas à nouveau nous surprendre sous le maillot des Diables ?
Ilombe Mboyo: 0 buts en 2 matchs (0 but par match, forcément)
Avec seulement 34 minutes de jeu en équipe A Ilombe Mboyo n’a pas encore eu le temps de véritablement se montrer en équipe nationale. A 27 ans, il a explosé tardivement, mais sa dernière saison est en demi teinte, avec seulement 6 buts en 31 apparitions. Ses performances laissent présager une bonne marge de progression, mais il faudra sortir une saison de référence au plus tôt pour retrouver sa place au sein du groupe des Diables.
Tom de Sutter: 0 buts en 14 matchs (0 but par match, lui aussi)
Ancien espoir sur le déclin, peu utilisé à Anderlecht, si ce n’était pour cirer le banc, il a pu bénéficier d’un transfert au FC Bruges pour se relancer. Sa dernière saison est de bonne augure pour la suite, même si un retour en équipe nationale n’est pas encore à l’ordre du jour. Attention toutefois : à 28 ans, il n’a plus le droit de connaitre une saison blanche. Sa dernière apparition en équipe nationale remonte à mars 2011.
Igor de Camargo: 0 buts en 9 matchs (0 but par match, encore un)
Pour le natif de Porto Feliz au Brésil, naturalisé belge sélectionné sur le tard (2009), la Coupe du Monde dans son pays natal aurait pu être une belle consécration. Mais après une saison mi-figue mi-raisin, on voyait mal comment il allait pouvoir revendiquer une place dans les 23, au milieu de tous ces petits jeunes talentueux. Revenu au Standard pour relancer sa carrière, avec sans doute le Brésil dans le coin de la tête, il n’a pas su s’imposer à Liège et retrouver le niveau qui était le sien en 2010/2011. L’âge n’étant pas toujours un critère de choix – allez demander à Samuel Eto’o (33 ans) ou à Didier Drogba (36 ans), qui ont toujours le sens du but malgré la trentaine bien tapée!
Bjorn Vleminckx: 0 but en 3 matchs (0 but par match, c’est le dernier)
En fin de saison 2010/2011, nous apprenons avec surprise que Bjorn Vleminckx vient de remporter le titre de meilleur buteur de Ere Divisie. C’est sans doute la dernière fois que cet ancien attaquant du FC Malines aura fait mieux que Luis Suarez. Aujourd’hui, il porte les couleurs d’un modeste club turc, et n’a inscrit que 4 buts en 22 apparitions lors de la dernière saison. Il n’a que 28 ans, mais tout porte à croire qu’il a déjà vécu le meilleur de sa carrière. A moins d’un miracle, on ne le reverra plus jamais en équipe nationale.
En conclusion
Dans ce jeu qui consiste « simplement » à marquer plus de buts que votre adversaire, l’attaquant est une pièce maîtresse. Lorsqu’il est capable de faire la différence à lui seul, il n’est pas rare qu’il aide son équipe à obtenir de grands résultats, même si celle-ci est de faible facture.
En Belgique, pays qui a davantage vu naître de grands gardiens, plutôt que de grands buteurs, l’offensive pure n’a jamais réellement fait partie de la culture footballistique. Même lorsque nous disposons d’arguments dans ce secteur, nous préférons toujours nous baser sur un jeu collectif, dans lequel les milieux de terrain marquent autant de buts que les attaquants. La preuve n’est pas à chercher plus loin que la présente Coupe du Monde, où les 6 buts belges ont été inscrits par 6 joueurs différents : un défenseur (Jan Vertonghen), trois milieux offensifs (Marouane Fellaini, Kevin De Bruyne, Dries Mertens), et deux attaquants de pointe (Divock Origi et Romelu Lukaku).
Quoi qu’il en soit, ce système ne favorise que trop peu l’attaquant de pointe, qui se retrouve dès lors souvent isolé. Mais la vie du groupe serait-elle réellement plus simple garnie d’un « Pelé » ?
Antonin, pour Belgian-team
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