Les Archives pour la catégorie Entraineurs des Diables Rouges
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Entretien avec Georges Leekens #4: Tout savoir sur la sélection des diables rouges
Globalement, comment se déroule une sélection ?
Le staff de scouting se déplace dans tous les championnats où des Belges évoluent. Nous allons même en Russie, et nous allons accentuer notre présence là-bas puisque Jonathan Legear y évolue désormais. Les scouts me remettent leurs rapports d’analyse, suite à quoi je fais une présélection de 50, voire 60 joueurs. La liste est ensuite écrémée à une vingtaine, en tenant compte des blessés d’une part, et de l’autre, de ceux qui ne jouent pas dans leur club. Prenons l’exemple de Defour, je ne l’ai pas sélectionné lors des dernières rencontres, pour la seule raison qu’il n’a pas suivi de préparation. A un tel niveau, je ne sélectionne aucun joueur sur base de son seul nom. Il m’arrive aussi de sélectionner des joueurs qui ne sont pas mes premiers choix, c’est le boulot d’un entraîneur de mettre ses opinions personnelles de côté pour penser au collectif.
Parlant de Defour, est-il complémentaire avec un Simons
Steven n’a pas été épargné par les blessures la saison dernière. Depuis son transfert à Porto, il tend à retrouver sa meilleure forme. C’est à lui de se montrer, et prouver qu’il peut regagner sa place dans l’entrejeu des diables. Pour ce qui est d’une complémentarité avec Simons, oui, pourquoi pas ? Ils étaient tous les deux sur le terrain en Russie. Et j’étais très content d’eux car nous avions fantastiquement dominé l’entrejeu.
La victoire était d’autant plus belle après un déplacement aussi folklorique !
C’était un trajet digne de Survivor ! Nous avions organisé ce match suite au départ de Dick Advocaat à Moscou. C’était très intéressant, sportivement mais aussi financièrement. Tout allait se dérouler sous les meilleurs auspices… avant ce voyage de merde ! Pas boire, pas manger, pas dormir … et surtout, un vol risqué en Tupolev, mais cela nous l’ignorions avant de quitter Bruxelles. A l’avenir nous ne prendrons plus de tels risques. Cela dit, pour la cohésion de l’équipe, ce n’était pas une mauvaise chose… mais une telle préparation, une fois par an, voire tous les dix ans, cela suffit amplement ! Le fait d’avoir ensuite gagné le match a renforcé notre esprit d’équipe. Ce fut une belle victoire, mais les Russes n’ont certainement pas joué à leur meilleur niveau. Le Zenit St Petersbourg venait de gagner le championnat, certains devaient avoir fait la fête.
Vous parlez beaucoup de la cohésion entre les joueurs, et de l’importance de la concurrence au sein du noyau. Mais y a-t-il un joueur non belge que vous incorporeriez dans le noyau, si vous le pouviez ?
Si Lionel Messi veut se faire naturaliser, je l’accueille bien volontiers (rires). Plus sérieusement, si un tel joueur se présente avec l’envie de jouer pour nous, je serais fou de ne pas le sélectionner. Mais j’attends d’un joueur naturalisé qu’il vienne avec le cœur. Ceux qui bénéficient d’une double nationalité ne devraient pas venir s’ils hésitent trop longtemps. Ca va bien au-delà des modalités juridiques ; c’est comme tirer un penalty : si tu hésites, alors ne le fais pas … et je ne dis pas ça parce que Witsel a raté le sien contre la Turquie (rires). Je laisse la porte ouverte à quiconque veut jouer pour la Belgique, pour autant qu’il apporte sa pierre à l’édifice. Chadli et Carcela avaient tous deux la possibilité de jouer pour nous, seul le premier est venu, et il ne faut pas en vouloir au second. Vincent Kompany et Marouane Fellaini, eux aussi, auraient très bien pu ne pas choisir la Belgique.
Mémé Tchité, aurait-il toujours sa place dans le noyau au vu du choix dont vous disposez aux avant-postes ?
Tchité a toujours dit qu’il voulait jouer pour la Belgique, son amour pour le pays transparaît dans chacune de ses déclarations. A l’Union Belge, nous attendons les suites juridiques de son dossier, que la FIFA n’a pas encore débloqué. Si un jour, Mémé devient sélectionnable, alors nous serons attentifs à ses performances, comme pour tout autre joueur. Mais tant que tout n’est pas réglé, nous ne nous exprimons pas sur le sujet.
Contre l’Azerbaïdjan, aucun joueur belge présent au coup d’envoi n’évoluait en Jupiler League. Comment l’expliquez-vous ?
Les raisons sont avant tout financières, notre championnat dispose de peu de moyens, et n’est plus capable de garder ses meilleurs éléments. Si la majorité des diables évoluent à l’étranger, il est alors important qu’ils aient cette envie de revenir jouer pour leur pays. Je suis ravi que cela soit le cas, d’autant que beaucoup ont un programme très chargé. Au niveau du staff national, cela implique un nombre important de voyages à l’étranger ; c’est la mission de département de scouting. Mais nous regardons aussi des matchs entiers ici, via un système de retransmission.
Il est satisfaisant de voir que nos joueurs évoluent dans de très bons clubs. Ils y arrivent parfois dès le plus jeune âge ; beaucoup de clubs hollandais prennent aujourd’hui de jeunes belges, sans doute pour atteindre un meilleur niveau (rires). Globalement, ils s’adaptent très bien, le plus bel exemple étant Dries Mertens, que nous ne connaissions pas en Belgique, et que le scouting nous a permis de dénicher. Que ce soit Kompany, Hazard, Fellaini, Dembele, Chadli… tous jouent dans leur club. C’est une satisfaction, d’autant plus qu’ils se trouvent dans de grosses compétitions. Pareillement, nous nous réjouissons que Genk joue la Champion’s League, même si je ne crois pas qu’ils la gagneront… A un tel niveau, l’expérience acquise est inestimable. Et avec les rentrées financières, le club ne devra pas vendre ses meilleurs éléments. A contrario, c’est une des raisons pour lesquelles Anderlecht a vendu Lukaku cet été.
Vous venez de citer plusieurs noms de Diables. Parlons de Radja Nainggolan. Titulaire à Cagliari, beaucoup d’entraîneurs, comme Roberto Mancini, en ont dit le plus grand bien. Mais il reste absent de votre sélection.
Pour sa position, Timmy Simons est actuellement titulaire indiscutable, et malheureusement pour Radja, Timmy abat un boulot formidable. Que ce soit sur le terrain, où il aligne les kilomètres, mais également dans le vestiaire. C’est un des rares joueurs du noyau à avoir plus de 23 ans … il a donc un rôle de guide pour les plus jeunes. La place de Timmy au sein du noyau est cruciale, j’avais besoin d’un type comme lui et c’est pour ça que je l’ai rappelé, comme j’avais rappelé Franky Van der Elst en 1997. Mais nous pensons aussi à demain. D’autres joueurs rentrent en ligne de compte, Nainggolan en fait partie, comme Dedrick Boyata, qui joue à présent à Bolton. Il a fait un pas en arrière, pour peut-être en faire bientôt deux en avant. Le championnat belge compte également de bons jeunes, les équipes du top, et d’autres, misent beaucoup sur la jeunesse, ce qui est positif. Il n’y a pas si longtemps, nous avions un problème de gardien. Aujourd’hui nous avons un surplus avec Mignolet, Courtois, Gilet et Proto.
A ce propos, gardez-vous un œil sur Logan Bailly ?
Tout à fait. On ne laisse jamais tomber un joueur. En ce moment, Logan est un peu dans le trou, mais nous le suivons, afin de voir comment il réagit à sa situation. A lui de travailler pour retrouver son meilleur niveau.
Pour en revenir à Nainggolan, la presse prétend que vous ne le suivez pas…
D’abord, vous ne devez pas croire tout ce qui est écrit dans les journaux (rires). Une analyse de joueur ne se fait pas sur un seul match. Avant de sélectionner Dries Mertens, nous l’avons suivi durant une bonne année. Parallèlement, nous avons suivi Nainggolan de nombreuses fois, et nous évaluons régulièrement sa progression. Les journalistes qui prétendent le contraire n’ont qu’à me passer un coup de fil, je leur répondrai bien volontiers. Nainggolan a peut-être dit que nous l’avions oublié… je n’ai pas à réagir sur le sujet, si je devais répondre à chaque fois, je n’aurais jamais fini. En attendant, j’étais moi-même présent en tribune à Milan pour le voir à l’œuvre. Et Vince Briganti le suit chaque semaine en Serie A, lui et Jean-François Gillet.
Les joueurs savent-ils que vous les suivez ?
Non, je préfère éviter qu’ils l’apprennent. Lorsque j’entraînais en club, et qu’un coach national était en tribune, je remarquais une certaine nervosité parmi mes joueurs. Ils avaient aussi tendance à jouer plus individuellement. Le fait de se savoir observé est une mauvaise motivation. Cela même si un grand footballeur devrait toujours jouer son match pour l’équipe, quel que soit le contexte.
Au sein de l’actuelle équipe des espoirs, y a-t-il l’un ou l’autre joueur qui soit proche du noyau A ?
L’équipe A regroupe déjà beaucoup d’espoirs. Des joueurs comme Lukaku, Hazard, De Bruyne, El Ghanassi, pourraient très bien jouer avec les moins de 21 ans. D’autres y ont fait leurs classes, comme Lombaerts ou Dembele. Cette équipe constitue un palier pour cette génération. Jean-François de Sart a fait un excellent boulot ces dernières années, notamment aux jeux de Pékin. Par contre, notre principe est qu’une fois qu’un diable rejoint le niveau des A, nous ne le redescendons pas en équipe espoirs.
Voilà qui termine notre entretien exclusif avec Georges Leekens, Toute l’équipe de Belgian-Team espère vous proposer d’autres interviews de joueurs et de l’encadrement des diables rouges.
A très bientôt!
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Entretien avec Georges Leekens #3: Le coaching des diables rouges
Troisième partie de notre interview:
Georges Leekens, vous avez entraîné la Belgique une première fois, de 1997 à 1999. Pensez-vous avoir progressé en tant qu’entraîneur, entre votre premier et votre second mandat à l’Union Belge ?
Cela n’aurait pas été bon de stagner. Raymond Goethals m’a dit un jour : un entraîneur commence seulement à comprendre le football à l’approche de la septantaine. Pour ma part, je n’ai pas changé du tout au tout durant cette période, mais je suis devenu un autre entraîneur. Changer, c’est avant tout grandir, apprendre à s’adapter à l’équipe que l’on entraîne, la mener vers le succès sans pour autant la diriger d’une main de fer.
Les choses ont-elles beaucoup changé entre vos deux mandats ?
J’ai aujourd’hui un rôle moins dominant que lors de mon premier mandat, et j’y trouve mon compte. Je préfère avoir des adjoints à mes côtés, plutôt qu’en dessous de moi. L’encadrement de l’équipe s’est également beaucoup professionnalisé depuis quinze ans.
Votre tâche est-elle plus difficile jadis ou aujourd’hui ?
En principe, mon premier mandat était plus facile. Je devais simplement préparer l’Euro 2000, pour lequel nous étions qualifiés d’office, en tant que pays organisateur. Je ne devais pas mener l’équipe vers la Coupe du Monde française, mais c’est arrivé… par hasard (rires). Plus sérieusement, cette qualification tenait du miracle. Mais nos adversaires d’alors s’étaient battus eux-mêmes. L’équipe turque ne manquait pas d’amour-propre, ce qui ne avait permis de les vaincre chez eux 1-3. Hélas, j’ai ensuite connu le revers de la médaille. Le pays croyait que l’on pouvait directement obtenir des résultats, peu importait la manière. Mais les miracles ne durent pas… et trois matchs nuls en coupe du monde, ce ne fut pas assez.
Je suis parti après deux ans et demi. Mon successeur, Robert Waseige, a connu un démarrage aux antipodes du mien. Tout d’abord, la Belgique est passée à côté de son Euro 2000. Par après, Robert a méritoirement qualifié l’équipe pour la coupe du monde 2002. Nous aurions même pu y battre le Brésil en huitièmes de finale. Mais je n’aime pas parler du passé. L’avenir du football belge est le plus important ! Un coach qui parle trop du passé est un coach dépassé.
Entre vos deux mandats, avez-vous gardé un œil sur les diables ?
J’ai toujours été le premier supporter des diables. Je les ai suivis en coupe du monde, en Italie et aux Etats-Unis. Je pense que le peuple belge, et les médias, ne sont pas assez chauvins. Nous devrions l’être davantage, à l’image des Hollandais. Il y a des pour et des contre, mais j’estime que le chauvinisme est une qualité. Il y a des Flamands qui suivent les Pays-Bas, et des Wallons qui supportent les Français. Moi je suis Belge, avec toutes mes excuses. Nous pouvons être fiers de notre pays. Bon, nous avons du mal à former un gouvernement (rires), mais nous avons beaucoup de représentants au plus haut niveau, et ce même en dehors de tout aspect sportif.
Comment définiriez-vous votre style de coaching ?
Je suis un entraîneur qui prône le positivisme. Casser un jeune joueur parce qu’il a fait une erreur ? Je laisse ça aux mauvais coachs. En exigeant trop d’un joueur, on lui met la pression. Cela peut faire peur aux plus jeunes. Personnellement, j’insiste auprès de mes joueurs sur leurs qualités, ainsi je leur donne confiance, et l’abnégation nécessaire pour effacer leurs défauts. J’estime que c’est la meilleure façon de tirer le maximum de mon équipe. Je crois en mes jeunes joueurs, mais ceux-ci doivent bien avoir en tête qu’on ne reste pas éternellement jeune. Prendre de l’âge, c’est grandir, et accepter de prendre plus de responsabilité.
Avez-vous un modèle parmi les entraîneurs contemporains ?
Non. J’essaye d’être moi-même, c’est-à-dire un coach qui travaille les qualités de ses joueurs.
En quoi consiste votre rôle actuel au sein de l’équipe nationale ?
A court terme, je dois former une équipe, dotée d’une âme, et au sein de laquelle règne une ambiance positive. Dans cette équipe, les joueurs doivent avoir confiance en eux, et aussi entre eux. Ils doivent être fiers de représenter leur pays. L’esprit d’équipe est très important. La concurrence au sein du noyau l’est également ; concurrence rime avec progrès de chacun, et j’aspire à devoir faire des choix difficiles. Je laisse la porte ouverte pour les jeunes. Il est important de donner sa chance à un joueur qui se montre pendant un mois, deux mois. Et en sélectionnant de nouveaux joueurs, je créé la concurrence au sein du noyau. A un tel niveau, tous les joueurs doivent accepter la concurrence ; il en va de même dans leur club. Actuellement, l’équipe possède un très bon esprit, et c’est mon rôle de veiller à ce que cette ambiance ne soit pas gâchée par des détails extérieurs. Il peut bien sûr y avoir des accroches, des réactions émotionnelles, au sein d’un groupe de 30 joueurs, mais cela ne doit pas avoir de répercussion sur le terrain.
Ensuite, je m’atèle à ramener la confiance auprès des supporters. Eviter les sifflets après 20 minutes de jeu, comme ce fut jadis le cas. Car siffler son équipe ne la fait pas avancer, que du contraire. Renouveler la confiance du public, c’est aussi attirer un public plus jeune, le plus à même à mettre l’ambiance dans le stade. Je dis souvent qu’au-delà de 50 ans, un supporter passe plus de temps à rouspéter (rires). Je sais de quoi je parle, vu que j’ai 62 ans (rires). Plus sérieusement, avec du négatif, je ne peux rien faire. Vincent Kompany l’a parfaitement souligné au sortir du match contre les Etats-Unis : ceux qui critiquent peuvent rester à la maison ! Certains journalistes n’ont pas apprécié son franc-parler, mais moi j’étais très fier d’entendre un de mes joueurs parler de la sorte. Un public positif créé des joueurs positifs, qui sont motivés pour revenir jouer pour leur pays. C’est une spirale, car c’est en se montrant enthousiaste, et en affichant de la conviction, que le public appréciera davantage de venir au stade.
La préparation de l’équipe va jusqu’à sélectionner de bons adversaires lors des rencontres amicales. La Slovénie, les USA, sont des équipes à notre niveau. J’effectue également des missions de scouting. Lors de la dernière coupe du monde, je suis allé voir jouer les Allemands. Non sans un petit pincement au cœur, car j’aurais préféré me trouver en bord de pelouse.
Enfin, et surtout, mon rôle de coach est d’aider cette équipe à engranger un certain rendement. Personne ne peut dire que mes joueurs n’ont pas de talent, mais pour obtenir des résultats, il faut plus que ça. Nous avons besoin d’une équipe soudée, qui fasse preuve d’intelligence, et qui soit capable de jouer le résultat, sans oublier la manière. Car en football, je ne crois pas aux miracles. Si on y parvient, si le public voit ça, l’osmose gagnera le stade.
Quel bilan tirez-vous de cette première année à la tête des diables ?
Je suis content du travail effectué. En un an, nous avons gagné 30 places au ranking FIFA. Cela prouve que sur le court terme, nous avons déjà énormément progressé. Certains demandent plus, et veulent des résultats immédiats. Je préfère progresser match par match, et laisser grandir cette équipe. Exiger trop et trop vite créé une pression néfaste.
Je suis également ravi que nous ayons ramené le public au stade. J’ai remarqué un changement de mentalité dans les gradins, et ce dès le premier match face à la Bulgarie. Lors des dernières rencontres, le stade était rempli. Je constate que le public est uni, et je ne souhaite pas que la situation politique actuelle vienne s’en mêler !
Je trouve aussi que la mentalité affichée par l’équipe est exemplaire. Après le nul en Azerbaidjan, ils étaient décidés à faire un bon résultat face aux USA, même si le match était sans enjeu. Ils ne voulaient surtout pas perdre ! En raisonnant de la sorte, ils prouvent qu’ils apprennent.
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Entretien avec Georges Leekens #2: Après l’Euro … Brésil 2014
Deuxième partie de notre interview:
Que manque-t-il encore à l’équipe nationale pour atteindre le Top niveau ?
Oh, beaucoup de choses ! Etre un coach positif ne m’empêche pas d’être réaliste. Nous avons des qualités, mais il nous faut travailler, pour les améliorer, et étouffer nos défauts.
Dans les grandes lignes, nous manquons d’abord d’expérience. Elle arrive, notamment par le biais de la Champion’s League où de plus en plus de nos joueurs s’illustrent. Ensuite, plus que de réussite, nous manquons encore de réalisme. Il faudra effacer cette carence si nous voulons aller de l’avant. Nous devons également étoffer le noyau, afin de pouvoir nous passer des joueurs-clés en cas de pépin. Fellaini, par exemple, nous a manqué à de nombreuses reprises. Idem pour Vermaelen. L’idéal serait d’avoir deux joueurs de haut niveau par poste. D’un autre côté, nous avons retrouvé l’enthousiasme et l’esprit d’équipe qui, il y a peu, nous manquaient encore.
Je crois fermement en l’avenir de cette équipe, elle possède une belle marge de progression. Ce progrès doit se faire pas à pas, mais je comprends que tout le monde, public, médias, sponsors,… devienne nerveux, après dix années sans résultat. Le public est davantage de notre côté aujourd’hui, c’est déjà une très bonne chose ! Mais avant tout, l’important sera de conserver le noyau actuel, parmi lequel certains joueurs sont devenus de vrais copains. Si tout va bien, cette génération est partie pour dix années. Certains progresseront, d’autres rentreront dans le rang, et d’autres plus jeunes viendront les taquiner.
La Belgique vit encore dans le souvenir de Mexico 86, et certains disent que jamais plus nous n’irons aussi loin dans un grand tournoi. Qu’en pensez-vous ?
C’est précisément notre challenge ! Les joueurs, le staff et moi-même, en avons un peu marre d’entendre parler du passé. Nous devons donc répondre présents dans l’avenir, pour faire un jour aussi bien, voire peut-être mieux que les diables de 86. A court terme, l’euro 2012 n’est plus un must. Nous aimerions bien sûr être présents, mais cela ne dépend plus de nous. Nous avons raté le coche en début de qualifications, ensuite nous avons encore perdu des points contre l’Autriche et l’Azerbaidjan. La leçon à retirer, c’est qu’il faudra être prêts dans un an, dès le premier match des éliminatoires de la coupe du monde 2014.
Parlons-en justement, de la prochaine coupe du monde !
Nous ne sommes pas tombés dans un groupe facile ; on peut même dire, dans notre jargon, que c’est un groupe « de merde ». Entre la Croatie, la Serbie, l’Ecosse, le Pays de Galles et la Macédoine, il n’y a aucune petite équipe. Nous évitons les équipes du top, comme l’Espagne, les Pays-Bas ou l’Allemagne, mais nous-mêmes ne pouvons pas nous targuer d’être une grosse cylindrée. Nous avons d’autres qualités, et si nous les exploitons, nous avons une chance de nous qualifier. Mais il faudra tout donner. La pression va augmenter, les joueurs la ressentiront bien plus qu’au sein de leur club, et il faudra apprendre à la gérer. Mais franchement, qui n’a pas envie de la disputer, cette coupe du monde au Brésil ? Vous et nous, nous voulons tous y aller ! Personnellement, je ne tiens pas à y aller comme touriste, ou pour faire du scouting. Et pour être présent sur le terrain, il faudra faire des sacrifices. Que certains acceptent d’être remplaçants, ou de ne pas jouer à leur meilleure place. Peu importe qui joue, et à quel poste, nous devons tous avoir la même cible en point de mire.
Vous visez la première place du groupe ?
Nous visons la qualification. Si elle passe par la première place, tant mieux. Mais dans ce groupe, nous ne gagnerons pas chaque match. Nous allons même perdre un certain nombre de points. Les favoris sont la Croatie et la Serbie ; les premiers sont tout à fait capables de nous donner autant de difficulté que la Bosnie il y a deux ans, et les seconds ont tout de même battu l’Allemagne en Afrique du sud, l’été dernier. Quant à nous, nous serons positionnés en challengers. J’espère qu’ils se focaliseront l’un sur l’autre, tandis que nous nous concentrerons sur chaque match. Mais ne croyez pas que la mission sera facile.
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Entretien avec Georges Leekens #1: Un regard sur l’Euro 2012
Ce lundi 12 septembre, nous nous sommes rendus à la maison de verre, le temple de l’Union belge, situé à deux pas du stade Roi Baudouin. Nous avions rendez-vous avec l’homme fort du staff fédéral, le coach Georges Leekens en personne. Flegmatique, parfois taquin, Georges nous a accueilli les bras ouverts, pour nous parler de différents sujets comme sa carrière d’entraîneur fédéral, la sélection belge, mais surtout pour aborder l’avenir de cette jeune équipe nationale.
Un regard sur l’Euro 2012
Avez-vous un regret particulier concernant les éliminatoires pour l’Euro 2012 ?
Je regrette que le programme fût déjà établi lorsque je suis revenu à la barre. Nous avons débuté par un zéro sur six, et dans une telle situation, on ne peut que courir après les faits. Un tel démarrage apporte également son lot de pression, que ma jeune équipe doit encore apprendre à gérer.
Au cours des ces qualifications, quelques erreurs nous ont coûté des points importants. Pensez-vous que cela soit du davantage à l’inexpérience qu’à un manque de rigueur ?
Je ne songe pas à un manque de rigueur, mais plutôt à des erreurs de jeunesse. Les joueurs veulent parfois trop bien faire. Contre l’Autriche, à 4-3, ils se sont sentis pousser des ailes, et ont poussé pour marquer un 5e but. Ils auraient dû se concentrer pour garder le résultat. Et contre l’Azerbaïdjan, ils pensaient qu’à 0-1, le résultat était entériné. C’est aussi ce qui fait le charme de cette équipe, de sans cesse vouloir attaquer. Mais elle « chipote » encore beaucoup, ce qui est normal, car elle se trouve encore en phase de progression. Elle doit apprendre qu’à certains moments, le résultat est plus important que le jeu. J’insiste, mais le 0 sur 6 pour débuter le tournoi nous a davantage handicapé que ces erreurs. Nous avons donné des cadeaux en Turquie, qui me sont plus restés sur l’estomac que les fautes commises lors des matchs suivants. Pour l’avenir, ces erreurs doivent nous apporter l’expérience qui nous manque.
Dernièrement, les attaquants ont manqué de réalisme. Cela vous inquiète-t-il ?
C’est vrai qu’ils ont raté quelques occasions en or. La pression a sans doute sa part de responsabilité, mais ça ne m’inquiète pas outre mesure. La défense commence à l’attaque. Contre l’Autriche à Bruxelles, nous pesions sur l’arrière-garde adverse, et nous avons ouvert grand la porte aux contre-attaques. L’important dans cette situation est de garder un pressing haut, et d’éviter les pertes de balle, quitte à commettre l’une ou l’autre petite faute. Que ce soit contre l’Autriche ou l’Azerbaïdjan, nous avons pris des buts évitables, chaque fois sur contre-attaque. Nous devrons éviter cela à l’avenir. L’équipe l’a compris, et contre les Etats-Unis, nous sommes restés organisés, et avons empêché les américains d’initier des contre-attaques. Hormis leur but annulé en fin de partie, les USA n’ont pas montré grand-chose. Nous avons réussi à former un bloc, et à maintenir le pressing vers l’avant.
Vous pensez que la Belgique a étouffé les Etats-Unis, ou bien que ces derniers n’étaient pas dans un bon jour ?
Sans doute un peu des deux. Le voyage avait dû les fatiguer, et quant à nous, nous ne voulions absolument pas perdre. A 1-0, nous avons réussi à fermer la porte, au lieu de jouer pour le 2-0. C’est de très bon augure pour la suite.
Il reste deux matchs à jouer pour l’Euro, et nous ne sommes pas encore éliminés. Pensez-vous avoir toutes les cartes en main pour aller battre les Allemands à Düsseldorf ?
En premier lieu, il faudra vaincre le Kazakhstan. Or, Lombaerts et Fellaini seront suspendus. Ce sont deux joueurs clé, à des postes importants. De son côté, Thomas Vermaelen est de nouveau indisponible, lui aussi occupait une place précieuse au sein de notre schéma tactique. Des deux rencontres qui nous restent à livrer, celle contre le Kazakhstan est la plus importante. Pour ce qui est de l’Allemagne, les joueurs y croient. Leur mentalité est exemplaire, il y a quelques années, l’équipe aurait sombré dans le défaitisme. Mais pas aujourd’hui, et cela nous le devons en grande partie au soutien du public.
A venir sur Belgian-team.be : Georges Leekens nous parle de l’avenir de l’équipe nationale, et de la coupe du monde 2014 au Brésil. Soyez au rendez-vous !
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Marc Wilmots, le taureau de Dongelberg
Marc Wilmots a marqué l’histoire du football belge, notamment par sa personnalité et son jusqu’au-boutisme. Avec 80 sélections et 70 caps, il est le 10e diable le plus capé de l’histoire. Ses 28 buts font de lui le 3e meilleur buteur de l’équipe belge, derrière Van Himst et Voorhoof. Deux classements qu’il surpasserait sans doute s’il n’avait, plusieurs fois, interrompu sa carrière internationale.
Une carrière sans cesse ascendante
« Willy » fait ses débuts en D1 à l’âge de 19 ans, sous la vareuse de St-Trond. Dès l’année suivante, il rejoint le FC Malines, qui est alors au sommet de sa gloire. De 1991 à 1996, il éclate avec le Standard, avant de s’exiler en Allemagne. Pour sa première saison à Schalke 04, il remporte la coupe de l’UEFA, battant en finale l’Inter de Pagliuca, Zanetti et Zamorano. Lors de la séance de tirs aux buts décisive, c’est lui qui botte le penalty de la victoire. Au fil des saisons, il devient un pilier de l’équipe, et s’installe même dans le onze du siècle de Gelsenkirchen. Après une parenthèse d’un an à Bordeaux, il revient à Schalke où, en 2003, il met un terme à une carrière qui ne se sera jamais dépréciée.
Une référence de l’équipe nationale
Le jeune Marc découvre l’équipe nationale à 21 ans. Ses prestations au FC Malines lui valent déjà d’être sélectionné pour le Mundiale italien de 1990. Alors que sa destinée de titulaire semble tracée, la concurrence arrive … de l’extérieur. Deux attaquants de poids de la D1 sont successivement naturalisés : Luis Oliveira d’abord, et Josip Weber ensuite. C’est l’ex-croate que l’entraîneur fédéral Paul Van Himst choisit de titulariser lors de la World Cup 94, même si celui-ci peine à atteindre son meilleur niveau en match officiel. Fort deux victoires, Van Himst décide de laisser quelques titulaires au repos pour le dernier match de poule, face à l’Arabie Saoudite. La Belgique perd cette rencontre, et Wilmots perd la face, lorsqu’il est remplacé en cours de jeu par Weber. Se considérant sous-estimé, il décide de mettre en pause sa carrière chez les diables. Deux saisons du tonnerre avec le Standard, et de multiples appels du pied de la fédé, ne le feront pas changer d’avis.
Il revient une première fois sous l’ère Van Moer, en 1996, avant de repartir pour, dit-il, se concentrer sur Schalke 04. Il rejoint le noyau belge pour de bon avant le Mondial français de 1998, durant laquelle il inscrit un doublé contre le Mexique. C’est lors des qualifications pour la coupe du monde asiatique de 2002 qu’il assume véritablement son statut de leader. Il devient le poumon des diables, qu’il tire vers la victoire face à ses adversaires successifs, de l’Ecosse à la République tchèque. Au Japon, il marque un but lors de chaque rencontre, dont un splendide retourné acrobatique contre le pays organisateur, mais également cette fameuse tête face au Brésil, injustement annulée. Ses prestations quatre étoiles lui valent une nomination pour le ballon d’or européen.
Au retour de sa 4e coupe du monde, il met un terme définitif à sa carrière internationale. Neuf ans plus tard et malgré l’essor de la prometteuse nouvelle génération, les diables ne lui ont pas encore trouvé un remplaçant de la même trempe.
Le saviez-vous ?
Avec 5 buts au compteur, Marc Wilmots est le meilleur buteur des diables en coupe du monde. Il a d’ailleurs participé aux 5 derniers tournois majeurs où l’équipe belge était présente.
Wilmots détient le record de D1 du nombre de buts en un seul match, après avoir planté six rose lors du seul Standard – La Gantoise, saison 92-93 (score final 8-4).
Wilmots fut élu sénateur d’Etat en 2003. Accaparé par ses autres fonctions, mais ne pouvant démissionner pour raisons politiques, il décida de reverser sa rémunération sénatoriale à des oeuvres caritatives.
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Georges Leekens, du joueur à l’entraineur
Qui est donc ce long couteau, qui hante les stades de D1 depuis plus de 41 ans ? Pour en savoir plus sur notre Georges national, lisez ce qui suit !
Leekens le joueur
Né le 18 mai 1949 à Meeuwen, dans le Limbourg, Georges fait ses premières armes de joueur non loin de là, au Sporting Houthalen. Repéré par le Crossing de Schaerbeek, il y fait ses débuts en Division 1 à l’âge de 20 ans. Son jeu rugueux lui vaut le surnom de « Mac the knife ».
Deux ans plus tard, il rejoint le club phare de sa carrière, le Club de Bruges, avec qui il remportera 5 championnats. Il connait son apogée de joueur en 1978, à Wembley, lors d’une finale de Champion’s League. Ce soir-là, le Club de la Venise du nord s’incline 1-0 face à Liverpool, après avoir éliminé la Juventus en demi-finale et le Real Madrid en quart.
En 1981, Georges s’en va en division inférieure, à Saint-Nicolas, où il terminera sa carrière, non sans gagner deux nouveaux titres.
Leekens l’entraîneur
C’est en 1984 que Georges se reconvertit dans le rôle qu’on lui connait aujourd’hui. Pour sa première expérience au Cercle de Bruges, à 35 ans, il devient le plus jeune entraîneur de Belgique. S’en suivent une succession de clubs parmi lesquels Anderlecht, Courtrai, Bruges à nouveau (mais au club cette fois), Malines et Charleroi.
En 1996, Georges fait connaître la ville de Mouscron à la Belgique entière. A peine montée en D1, la petite équipe hennuyère, dont il est alors le coach, taquine les ténors dans la course au titre. Il n’en faut pas plus pour que la fédération belge le débauche, et à 47 ans, Georges devient l’entraineur des Diables pour la première fois. Sa cotte de popularité connaît un pic faramineux, lorsqu’il qualifie la Belgique pour la coupe du monde française. Mais ensuite, la réussite le boude. Une élimination précoce en coupe du monde, une série de défaites contre des adversaires à notre portée, des conflits personnels avec plusieurs joueurs, auront la peau de « Long couteau ». Au crépuscule du second millénaire, lynché par l’opinion publique, Georges s’en retourne tâter le bord de terrain qu’il connait le mieux : celui de la D1.
Dix ans plus tard, rien ne va à l’Union Belge. Les Diables enchaînent les contre-performances, et Dick Advocaat largue la fédération pour les pétroroubles. De son côté, Georges s’est refait une santé dans plusieurs clubs, en D1 comme à l’étranger. En balance avec Marc Wilmots, c’est finalement lui qui est appelé par la fédé. A 61 ans, Georges devient l’entraîneur des Diables pour la seconde fois.
Le saviez-vous ?
Georges Leekens est licencié en Kinésithérapie, et possède un master en management. Il a publié un ouvrage sur ce sujet, intitulé « Winning by teambuilding », avec Roland Juchtmans.
Outre sa langue natale le néerlandais, Georges parle parfaitement le français, l’allemand et l’anglais.
Entre ses deux passages sur le banc belge, Georges a entraîné une autre sélection nationale : celle de l’Algérie.
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