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Une qualification à Zagreb et une grande fête à Bruxelles

Les Diables Rouges vont au Brésil

© Belga (retouche photo Antonin Kaminski)

Succès, espoirs, potentiel, fêtes et explosions de joie dans tout le pays… tout a été dit et répété. Au début de cette campagne, beaucoup voyaient cette équipe se qualifier, mais peu avaient pronostiqué une telle performance : les diables terminent premiers de leur groupe avec 9 points d’avance, et s’envolent ainsi pour le Brésil.

 

Zagreb, la force tranquille

Vendredi, 18h. Sur les routes du royaume, les derniers travailleurs se hâtent pour retrouver leur canapé et leur écran plat, tandis qu’à des centaines de kilomètres, les courageux supporters font déjà la fête à l’entrée du stade de Zagreb. Les Croates font peur en début de match, débordant nos ailiers très avancés une paire de fois. Mais leurs projets tombent rapidement à l’eau, des œuvres d’un Lukaku plus rapide, puissant que jamais. Romelu ne tremble pas, sème ses défenseurs, et entre dans le but en marchant presque. Il montre qu’on peut compter sur lui quand on en a besoin. Du côté de Londres, un certain José M. doit se donner quelques claques. La deuxième mi-temps se déroule parfaitement. Depuis les dernières campagnes, les diables ont appris à gérer un résultat. L’adversaire est résigné, et la réduction du score de Kranjkar ne changera rien.

Plusieurs éléments sont à retenir de ce match. Tout d’abord une détermination impressionnante dans le chef des Belges. Un point suffisait, mais ils en voulaient trois. Ils poussèrent rapidement leurs adversaires au désespoir, à l’image d’un Mandzukic très frustré, qui aurait pu quitter le terrain plus tôt que tout le monde. Si la volonté peut soulever des montagnes, celle des diables a ouvert l’océan atlantique. Ensuite, Wilmots a fait preuve de beaucoup d’intelligence tactique. Face à un adversaire qui inaugurait un nouveau dispositif, il a trouvé la recette idéale. Rarement les Belges furent mis en danger, face à une équipe pourtant placée dans le TOP 10 mondial.

 

Bruxelles, on joue comme on aime

Trois jours plus tard, la fédé met les petits plats dans les grands pour que la fête se prolonge au pays. Cette dernière rencontre face aux Gallois n’a plus aucun enjeu, et de fait, les diables l’abordent sans pression. Wilmots en profite pour faire tourner son effectif, n’alignant néanmoins que des titulaires en puissance, au sein d’une équipe qui sur papier, reste supérieure à son adversaire. Après une première mi-temps jouée comme un amical, les diables veulent davantage offrir la victoire à leur public. Ils poussent et ouvrent la marque grâce à leur meilleur butteur, Kevin de Bruyne – nouvelle petite claque pour Mourinho. La fête aurait pu être parfaite, si la défense belge ne s’était pas assouplie en fin de rencontre. Un tel relâchement au Brésil l’été prochain pourrait faire très mal. Mais qu’importe, mardi, on jouait surtout pour se faire plaisir, et remercier le public le plus impressionnant de toutes ces qualifs.

On note, aussi, les premières minutes de Bakkali sous la vareuse belge. L’attaquant de poche du PSV étale sa technique, mais ne parvient que trop peu à trouver ses coéquipiers. Certainement une carence en automatismes, qui devrait à l’avenir se résorber… même s’il est probable que Dries Mertens lui sera préféré dans un premier temps.

Belgique 1 – 1 Croatie: Un manque de finition

Belgique 1-1 Croatie

© Le Soir (retouche photo Antonin Kaminski)

Dans l’arène pour ce Belgique – Croatie:

A notre gauche, Les Diables Rouges, l’équipe qui a fait les choux gras de la presse lors de ce mercato estival avec des transferts à 40 millions d’Euros pour Eden Hazard et Steven Defour. Une équipe de stars, sur le papier, dont tout le potentiel reste à confirmer lors des matchs officiels. Gonflés à bloc après leur victoire 0-2 au Pays de Galles.

A notre droite, le challenger du jour: La Croatie, sa star Luka Modric, qui dispose néanmoins d’un collectif très fort et soudé, avec notamment l’ancien Brugeois Perisic. Fort d’une campagne réussie à L’Euro, dans un groupe difficile comportant les deux finalistes. Ils se sont par contre défait difficilement 1-0 de la Macedoine.

 

L’affiche du groupe A tient ses promesses

Le match démarre en fanfare, on observe d’emblée une forte densité de jeu. L’ambiance dans stade est vraiment excellente, mais prend rapidement, en même temps que nos Diables, un sacré coup sur la tête. Un centre de Mandzukic mal géré par notre défense est récupéré par Perisic. Le ballon finit au fond des filets, à peine 6 minutes de jeu et nous voilà déjà dans une situation inconfortable. Dans cette rencontre ou tout semblait possible, le meilleur comme le pire…

Il y a trois ans, nous aurions sans doute perdu ce match. Mais c’est sans compter sur la force et le courage insufflés ces derniers temps par Marc Wilmots.

Les Diables Rouges continuent à exercer une pression sur l’adversaire, pendant toute la première mi-temps, avec une possession de balle largement en leur faveur. Cette domination est récompensée juste avant la pause, par un somptueux but de Guillaume Gillet. Nous ne rentrons pas au vestiaire la tête basse.

En deuxième mi-temps, le scenario est identique. La Belgique domine mais ne parvient pas à conclure ses occasions. Trop de long ballons à destination de Christian Benteke, qu’il ne parvient pas à négocier. Le nouveau striker d’Aston Villa gagne peu de duel de la tête, ce qui est pourtant fort, vu son mètre nonante et un. Sa seule grosse occasion est cette frappe contrée sur la ligne par un défenseur, alors que le but était grand ouvert suite à une erreur du gardien Croate. Un mètre plus près du but, et il ne pouvait pas la manquer. L’entrée au jeu de Kevin Mirallas n’apportera guère plus de danger devant Pletikosa, si ce n’est ce tir à la 87ème qui manque de nous offrir la victoire.

La dernière action du match sera à mettre au profit des Croates, avec un très joli corner botté par Modric, et repris par Vida, qui passe miraculeusement à côté du but belge. Avant que l’arbitre ne siffle la fin sur un partage, qui nous laisse un goût de trop peu, mais que cette dernière occasion en or aurait pu transformer en défaite.

 

En guise de conclusion

Comme souvent, c’est la finition des attaquants qui a fait défaut. Trop peu de présence dans la surface de réparation, nos avants n’ont causé que trop peu de problèmes à la défense adverse. Si notre équipe regorge de talent, il nous manque encore ce « killer » aux avant-postes de l’équipe nationale. On ne pourra pas longtemps se permettre d’attendre des coups d’éclat de nos défenseurs ou milieux de terrain. Le point positif est que la rigueur défensive de toute l’équipe nous permet de prendre un point, là où par le passé, nous n’aurions peut-être rien récolté.

 

• Le petit coup de gueule du match:

Les sifflements lors de l’hymne Croate ; en tant que supporters, nous nous devons au même titre que les joueurs de transmettre les bonnes valeurs du football, à commencer par le fair play et le respect de l’adversaire.

 

• les satisfactions du match:

- Vincent Kompany: Irréprochable sur toutes ses actions, si ce n’est celle qui offre le goal à Perisic. Hormis cette hasardeuse remise dans l’axe, Vince à encore prouvé qu’il était un défenseur de classe mondiale.

- Kevin De Bruyne : Entré en cours de rencontre, il a apporté beaucoup de vivacité. Par son sens du jeu et sa vista impeccable, il a distillé deux centres millimétrés, offrant autant de grosses occasions de but. Un titulaire en devenir ?

- Marouane Fellaini: Il était « fatigué » et n’a pas débuté la rencontre, certes… Une fois monté au jeu, son apport sur les longs ballons s’est fait sentir, et la balance des duels gagnés de la tête a penché en notre faveur. Sans doute un des joueurs avec le plus gros volume de jeu.

- La bonne organisation défensive: Nous avons laissé peu d’espace aux croates, nous sommes battus à de nombreuses reprises pour arracher le ballon. La Croatie et sa ligne d’attaque redoutable n’ont eu que 3 occasions franches.

 

• Ca passe coussi-coussa:

- Guillaume Gillet: Auteur de quelques passes ratées et peu sûr dans ses interventions. Il montre (encore) que l’arrière droit n’est pas sa place de prédilection, son placement fort hasardeux ne plaide pas en sa faveur. Mais son potentiel offensif, très important pour un défenseur latéral dans le football moderne, lui sauve la mise et nous permet surtout de prendre quand même un point. Et de quelle manière !

 

• Le doute…

Christian Benteke: n’a pas réussi à s’imposer face à ses adversaires, perdant presque tout ses duels de la tête et ne pesant pas réellement sur la défense. Même dans son jeu sans ballon, il n’a pas réussi à ouvrir suffisamment d’espace, pour permettre à nos infiltreurs de se créer des occasions. Ce qui inquiète, c’est qu’on peut douter qu’un de Camargo ou un Lukaku, tous deux en méforme, auraient pu mieux faire.

Se méfier de cette Croatie-là !

Croatie

© Getty Images (retouche photo Antonin Kaminski)

Pour ces qualifs, la Belgique a hérité d’un groupe où tout est possible : terminer premier comme quatrième. Le niveau aurait encore été plus relevé si la tête de série eut été l’Espagne ou l’Allemagne. N’oublions cependant pas que la Croatie rate rarement les grands rendez-vous, et dispose, pour une jeune nation du football, d’un palmarès impressionnant …

Une apogée rapide, et une présence régulière dans les grands événements.

C’est en 1996, lors de l’Euro anglais, que le public découvre cette équipe issue de l’ex-Yougoslavie. La qualité du noyau fait déjà jaser, avec les Boksic, Boban, Suker et Prosinecki. Il faudra une Allemagne des grands jours pour l’empêcher la Croatie d’atteindre les demi-finales, et elle le payera deux ans plus tard. Lors de la coupe du monde 1998, les Croates prennent leur revanche au même stade de la compétition, balayant la Mannschaft par un cinglant 3-0. En demi, ils font douter les futurs champions français, ouvrant le score par l’inévitable Davor Suker, avant que Lilian Thuram ne réplique par deux fois et envoie le pays hôte en finale. Les Croates obtiendront néanmoins la médaille de bronze aux dépends des Pays-Bas, ce qui reste sans doute les débuts les plus impressionnants d’une nation en coupe du monde.

Les années suivantes, cette patrie de quatre millions d’habitants rentre dans le rang. Absente de l’euro 2000, elle échoue au premier tour de la coupe du monde 2002 (non sans avoir battu l’Italie en phase de poule). Elle connaît le même sort lors des deux tournois suivants, Euro 2004 et CM 2006. Lors de l’Euro 2008, malgré son étiquette d’outsider potentiel, elle échoue en quart de finale, face à une Turquie surmotivée. Non présente au pays des vuvuzelas en 2010, elle se qualifie bien pour l’Euro 2012 mais chute en phase de poule, peu aidée il est vrai par un tirage au sort l’opposant directement aux deux futurs finalistes, l’Espagne et l’Italie.

Retenons que depuis son affiliation à la FIFA, la Croatie s’est qualifiée pour 7 tournois sur 9 possibles. Pour ce qui est des rencontres directes, le premier Belgique – Croatie, qui eut lieu le 2 septembre 2000, fut le seul match nul entre les deux pays. Quatre rencontres plus tard, les Croates mènent par 3 victoires à 1, dont le fameux 4-0 du 29 mars 2003… Des statistiques qui prônent une certaine méfiance pour le match de mardi : excès de confiance interdit pour les Diables !

 

Que vaut la Croatie cuvée 2012 ?

La courte victoire des Croates sur la Macédoine (1-0 à la 69e minute) ne doit pas occulter la dangerosité de cette équipe. Ses qualités sont une défense de grande taille (plus d’1m90 de moyenne), un milieu de terrain agile et des attaquants très prolifiques. La Croatie dispose de nombreux joueurs de talent, parmi lesquels :

Luka Modric, « la » star de cette équipe, dont le profil n’est pas sans rappeler une autre star que nous connaissons bien… Milieu offensif de petit gabarit mais hautement talentueux, transféré cet été pour à peu près 40 millions d’euro non pas à Chelsea, mais au Real Madrid. Ca ne vous rappelle personne ?

Mario Mandzukic, le « mauvais garçon » de l’équipe croate, fan de tatouages et attaquant redoutable. Meilleur buteur du défunt Euro, cet ancien striker de Wolfsburg est passé cet été dans les rangs du Bayern Munich où il a déjà fait parler la poudre deux fois en autant de matchs de Bundesliga. En sélection, son compteur affiche 8 buts pour 33 caps. Avec lui, chaque erreur défensive peut se payer cash ; les diables sont prévenus !

Ivan Perisic ; lentement mais sûrement, l’ancien Brugeois fait son trou en Bundesliga. Auteur de 7 buts la saison passée sous les couleurs de Dortmund, il n’a pas encore ouvert son compteur en équipe nationale. Espérons que celui-ci soit toujours vierge au coup de sifflet final, ce mardi soir.

Vedran Corluka ; défenseur clé de l’équipe depuis 2008 (57 sélections à 26 ans à peine). Passé par Manchester City, Tottenham et le Bayer Leverkusen, il évolue aujourd’hui sous les couleurs du Lokomotiv Moscou. Sa taille (1m92) en fait un atout défensif indéniable.

Eduardo Da Silva ; meilleur buteur actuel de la sélection croate (25 buts en 51 matchs), ce brésilien naturalisé évolue comme beaucoup de ses compatriotes en Ukraine, au Chaktior Donetsk, après avoir fait le bonheur d’Arsenal trois saisons durant.

Nikola Jelavic, un autre attaquant, coéquipier de Marouane Fellaini et Kevin Mirallas à Everton, et passé par Zulte-Waregem en 2007. C’est lui qui a marqué le but de la victoire face aux Macédoniens, ce vendredi.