Ecosse 0 – 2 Belgique: Glasgow sans Eden mais au paradis
Il était une époque où la Belgique du foot faisait partie des invités récurrents de chaque grand rendez-vous international. Et puis, après la coupe du monde asiatique de 2002, les occasions de vibrer se firent rares. Cette longue décennie de disette valait bien la peine d’être traversée, puisqu’aujourd’hui, le bout du tunnel laisse entrevoir une époque de gloire et d’espérances telles que jamais atteintes par notre équipe nationale. Notre équipe aligne des stars des meilleurs clubs européens. Le banc regorge de qualité, tel que l’absence de deux titulaires indiscutables ne se fait pas ressentir une seconde. Le jeu proposé est digne du plus haut niveau international. Les supporters, plus unis et motivés que jamais, sont capables de réduire au silence l’un des meilleurs public d’Europe, dans son propre stade. La presse internationale ne trouve plus assez d’éloges pour qualifier notre équipe … la qualification ? Ce n’est même plus le sujet. Aujourd’hui, le monde entier attend les Belges au tournant carioca. Pincez-moi, je rêve !
Troisième agglomération du Royaume-Uni, Glasgow n’est pas le concentré gris et industriel que certaines mauvaises plumes peuvent parfois décrire. La ville la plus peuplée d’Ecosse allie modernité et urbanisme, avec ces rues tracées à la règle, mais affiche également ce charme typiquement british, avec ces immeubles de grès rouge aux façades bombées, et ces taxis de chez Carbodies qu’on ne trouve nulle part ailleurs qu’outre-manche. Le cœur de la ville est très vivant, avec ses multiples pubs, centres commerciaux et artistes de rue. Ce vendredi, la ville traversée par le fleuve Clyde connait un nouvel affluent, rouge celui-ci. Quelle que soit le quartier où l’on se promène, impossible de ne pas croiser de supporters belges. Cette marée humaine connait son embouchure au mythique Hampden Park, aux alentours de 19h. Et là, ceux qui voulaient s’imprégner de l’ambiance écossaise ne peuvent qu’être déçus. Le noir, le jaune et le rouge encerclent l’enceinte comme si nous étions à Bruxelles. Au pied de la roulotte du « Kick-ass burger », on croise des connaissances comme à la supérette du coin, mais 1000 kilomètres plus loin. Il faut dire que l’accueil local est propice à cet envahissement ; rares sont les fans aussi conviviaux que ceux de la « Tartan Army » qui respectent autant leur adversaire du jour qu’ils encouragent leurs favoris. Des supporters écossais au grand cœur, mais moins enthousiastes que les nôtres, au vu des derniers résultats de leur équipe, en pleine reconstruction. On les attend encore dans le stade, une heure avant le coup d’envoi, alors que le déjà bouillonnant kop belge applaudit les diables qui foulent la pelouse pour le traditionnel échauffement. Aux bords du terrain, Vincent Kompany, en civil, et Zakaria Bakkali observent leurs coéquipiers avec attention. A côté d’eux, Marc Wilmots et Eden Hazard semblent copains comme cochons. Le chœur écossais étouffe bien la clameur belge à nous en donner des frissons, juste avant le début de la rencontre, lorsque retentit son hymne national, et sa triomphale chanson officielle « We’ll be coming ». Mais cela ne suffit pas à calmer les milliers de belges présents, qui tout au long des 90 minutes de la rencontre sont parvenus à ramener Hampden Park aux portes du Heysel. C’était certainement LE match à voir à l’extérieur, car on imagine des Croates plus hostiles, lorsqu’ils nous recevront le mois prochain. Mais nous ne sommes pas encore prêts à rejoindre Zagreb. Et une fois évacué cet immense drapeau écossais qui flotte au dessus du rond central, le jeu peut commencer.
Certes moins fort sur papier, l’adversaire écossais ne se laisse pas faire. Montrant hargne et engagement, il peut ouvrir la marque vers la demi-heure, sur ce tir qui frôle le montant de Thibaut Courtois, pour une fois battu. C’était peu avant que Steven Defour, la surprise du chef (dont, en toute honnêteté, on se demandait ce qu’il faisait dans le onze de base) reprenne un centre millimétré de Kevin de Bruyne d’un plat du pied aussi précis que dévastateur. Les Ecossais ne se montrent plus dangereux avant la montée d’Ikechi Anya, petit feu follet qui fait tourner la tête de Toby Alderwereld une paire de fois. Heureusement pour nous, la finition manque encore. Un peu plus tard, on tremble alors que Nicolas Lombaerts, jusque-là excellent, quitte le terrain en claudiquant, déforçant une défense déjà privée de son valeureux capitaine. Mais la suite, on la connait. Kevin Mirallas pivote et trouve le chemin des filets, à un moment stratégique où, comme une petite heure plus tôt, l’Ecosse semblait pouvoir revenir dans le match. Une Ecosse qui aura montré du cœur à l’ouvrage tout au long de la rencontre, mais qui ne pouvait pas faire grand-chose face à cette grande Belgique.
Au coup de sifflet final, le peuple belge exulte. D’autant qu’il connait le score de son adversaire direct. Les diables comptent cinq points d’avance sur une Croatie, qu’on imagine mal venir nous coiffer sur la ligne d’arrivée. On entrevoit maintenant clairement la statue du Christ qui trône au sommet de Rio. Armés, motivés et disciplinés comme ils le sont, les diables peuvent aller y écrire une nouvelle grande page de leur histoire, un second point de référence après Mexico 86. Quand au contingent belge de Glasgow, il peut faire la fête toute la nuit avec son homologue écossais, qui mériterait une équipe aussi admirable que l’est sa mentalité.
Bulletin des diables :
Thibaut Courtois : 7
Difficile de reprocher quoi que ce soit au portier colchonero sur des ballons qu’il n’a pas touchés. La poignée d’interventions qu’il a réalisées furent impeccables.
Toby Alderwereld : 6
Le back droit titulaire des diables a globalement bien géré son match, mais fut pris à défaut par le vif remplaçant Ikechi Anya, heureusement sans conséquence.
Daniel Van Buyten : 8
De retour dans le jardin de ses premiers exploits internationaux, l’expérimenté roc belge a parfaitement tenu la baraque en l’absence de son habituel capitaine.
Nicolas Lombaerts : 8
Le Gantois d’origine a livré une prestation solide et efficace, digne d’un titulaire régulier, jusqu’à cette malheureuse cheville tordue.
Jan Vertonghen : 7
A montré quelque signes de fébrilité, et fut l’auteur d’une douteuse remise en retrait qui lui valut le courroux de son coach. A parfaitement pris place dans l’axe après la blessure de Lombarts.
Axel Witsel : 9
Un quotient balles récupérées sur balles perdues frisant les 99%, et une assurance digne des grands de ce monde. Le métronome des diables, c’est lui.
Marouane Fellaini : 7
Le néo-mancunien a semblé effacé après sa carte jaune, aussi rapide qu’imméritée. Il fut néanmoins l’auteur de bonnes reconversions offensives.
Steven Defour : 8
Au coup d’envoi, tous se posent la question : pourquoi lui ? Sa réponse en forme de gros match se passe tout commentaire.
Kevin de Bruyne : 9
Accélérations déroutantes, centres millimétrés, frappes cadrées, vista digne de « Matrix »… on va finir par croire que ce rouquin n’est pas humain.
Nacer Chadli : 8
Le désormais Spur a fait tourner son homme en bourrique plus d’une fois, et n’était pas avare de reconversions défensives.
Christian Benteke : 8
L’homme de pointe qui travaille dans l’ombre, créé des espaces et perd peu de ballons. Auteur d’une action défensive digne d’un vrai numéro 4. Pourquoi chercher ailleurs ?
Damien, pour Belgian-team
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