Le cas hazard: l’avenir est un long passé
Une victoire en Autriche, et une autre, écrasante, contre l’Azerbaïdjan à domicile. Voilà une équipe belge retrouvée, à nouveau soudée, qui ne prête plus à la polémique ou à la discussion. Vraiment ? plus qu’encourageants, ces derniers résultats, n’ont pas empêché les médias de trainailler sur ce que certains ont appelé le « cas Hazard ». Ou comment gagner, avec la manière, en se passant volontairement de son meilleur joueur.
Le cas Hazard.
De son prénom Eden, fils de Thierry, ancien joueur de La Louvière – et non chanteur populaire des années 80, il est de ces homonymies difficiles à assumer. Formé à Braine, passé par Tubize, avant de traverser la frontière à l’âge de 14 ans. Bien entouré, il fait ses débuts en Ligue 1 en cours de saison 2007-2008. trois ans plus tard, personne n’ignore qui est le feu follet lillois, que la presse autrichienne surnommait le « Messi belge », excusez du peu. Aujourd’hui, Eden a conquis toute la Gaule. Toute ? Non, car au Royaume de Belgique, un entraîneur résiste encore et toujours au charme de cette étoile montante.
S’il s’agissait de Raymond Domenech, on soupçonnerait le pauvre Eden d’avoir tapé dans la lucarne d’Estelle Denis. Mais avec tout mon respect, je n’imagine pas madame Leekens rivaliser avec un tel calibre. Alors quoi, Georges en veut-il personnellement au meilleur joueur du championnat de France ? Ou n’a-t-il simplement pas les yeux en face des trous ? Et si tel désaveu trouvait son explication dans le passé ?
Le cas Scifo.
Retournons, le temps de quelques lignes, en 1997. A cette époque, les clubs vainqueurs de coupe jouent la coupe du même nom, les joueurs s’achètent en millions de francs, et Georges Leekens quitte le club de Mosucron pour reprendre les rennes d’une équipe belge désemparée, littéralement mise en pièces par ses voisins battaves, un mois plus tôt, sur le terrain du stade Roi Baudouin. Tout est à reconstruire, on parle déjà de préparer l’euro 2000, oubliant la coupe du monde qui se dispute l’année suivante à un Thalys de chez nous. A cette époque, les promesses belges se nomment Mpenza. Quant à la Star de l’équipe, avec un grand « S », elle se prénomme Enzo.
Bien que proche de l’apogée de sa carrière, Scifo a encore du jeu à revendre. Technicien surdoué, meneur hors pair, numéro 10 à la patte magique, revenu au pays mauve après une longue expérience étrangère. Sa sélection parmi les diables ne souffre d’aucune discussion. Pourtant, Georges se passe de son leader plus souvent qu’à son tour, lui préférant tantôt la discrétion d’un Dominique Lemoine, tantôt l’abattage d’un Franky Van der Elst.
Février 1998. Après avoir ciré la banquette plusieurs rencontres durant, le 2e meilleur joueur de la coupe du monde 1990 apprend qu’il n’est même pas sélectionné pour un match amical contre les Etats-Unis. Las, il décide de claquer la porte de l’équipe nationale. En pleine préparation pour le Mondial français, sa décision provoque un choc. Quant à Leekens, il vient de décrocher une qualification inespérée pour le dit Mondial, et dispose donc de suffisamment de crédit auprès de la presse. Comme toujours, il place ses choix derrière le bien du collectif, de façon souvent évasive et taquine. Quoi qu’il en soit, sa décision de dénigrer Scifo, à tort ou à raison, n’est pas remise en cause.
Mai 1998. Pressé par les fans, et sans doute aussi par ses sponsors, Enzo effectue le geste que tout le pays attendait. Un pas vers Georges, peu commenté par ce dernier, qui le replace illico sur le banc pour les deux premiers matchs du Mondial français. Titulaire contre la Corée du Sud, il est remplacé par Van der Elst à l’heure de jeu, alors que la Belgique est prise à défaut, et manque cruellement de créativité. Ce sont là les dernières minutes de Scifo en vareuse noire, jaune et rouge.
Scifo – Hazard même combat ?
Certes, le spectateur lambda ignore ce qui se trame réellement dans les vestiaires d’une équipe, tout comme dans la tête d’un sélectionneur. Mais tout de même, au sein du vignoble des diables, la cuvée Hazard 2011 a comme un goût de Scifo 1998. Malgré leur différence d’âge au moment des faits, les deux joueurs ont le même style de jeu, occupent la même place sur le terrain et dans le cœur des fans. Et surtout, souffrent de la même absence du onze national, incompréhensible et inexpliquée.
Les hypothèses soutenant ce troublant parallèle sont nombreuses. Georges a-t-il en tête de construire une équipe exclusivement composée de travailleurs ? Georges a-t-il un problème avec les numéros 1 au ranking des autographes ? Georges a-t-il jadis vécu un traumatisme à La Louvière, provoquant chez lui une haine inconsciente envers les ressortissants de cette sympathique ville hennuyère ? Quoi qu’il en soit, l’avenir est un long passé. Tant que Leekens fera gagner cette fringante équipe nationale, ses choix tactiques ne souffriront d’aucune remise en question. Mais si un jour les désillusions s’enchaînent à nouveau, le monde du football belge ne pourra que contester ce luxe, d’utiliser comme simple joker un joueur capable de retourner une situation d’un seul coup de génie.
Damien, pour Belgian-team
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